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Published: 1 janvier 0101
Résumé:
Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les
académiques, les frileux, les pompiers, les
réactionnaires, mais les modernes à contre-cur,
malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui
avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre
disait de Baudelaire. Ce livre poursuit le filon de la
résistance à la modernité qui traverse toute la
modernité et qui en quelque manière la définit,
en la distinguant d'un modernisme naïf, zélateur du
progrès. Une première partie explore quelques grands
thèmes caractéristiques du courant antimoderne aux
XIXe et XXe siècles. Ces idées fixes sont au nombre
de six : historique, la contre-révolution ; philosophique,
les anti-Lumières ; morale, le pessimisme ; religieuse, le
péché originel ; esthétique, le sublime ; et
stylistique, la vitupération. Joseph de Maistre,
Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de
l'autre Proust, Caillois ou Cioran servent à dégager
ces traits idéaux. Une seconde partie examine quelques
grandes figures antimodernes aux XIXe et XXe siècles ou,
plutôt, quelques configurations antimodernes majeures :
Lacordaire, Léon Bloy, Péguy, Albert Thibaudet et
Julien Benda, Julien Gracq et, enfin, Roland Barthes, "à
l'arrière-garde de l'avant-garde", comme il aimait se
situer. Entre les thèmes et les figures, des variations
apparaissent, mais les antimodernes ont été le sel de
la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et
sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa
perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux
modernes, ils ont été les modernes plus la
liberté. Prix de la Critique de l'Académie
française 2006