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Published: 1 janvier 0101
Résumé:
Si pour tout voyageur venant du nord, les Monts
Pyrénées furent durablement perçus comme une
barrière infranchissable, ils ne constituèrent jamais
un obstacle pour les peuples autochtones. Non seulement ils
surent contenir la féodalité sur les piémonts
mais aussi se jouer des lentes constructions étatiques et
trouver les accommodements nécessaires à la vie
pastorale entre les vallées des deux versants.
Jusqu'à ce que la centralisation et l'uniformisation
administratives déstabilisent le système agropastoral
traditionnel aux XVIIIe et XIXe siècles. Mais
déjà ces monts, « affreux » sous la plume
de Marguerite de Navarre, de Madame de Maintenon ou encore de
Louvois, bénéficient d'un renversement du regard.
Avec l'esprit des Lumières incarné par Ramond de
Carbonnières et surtout avec le Romantisme, leur spectacle
atteint au sublime et élève l'âme. L'effet de
mode pousse alors aristocratie et bourgeoisie européennes
vers les Pyrénées. Pau devient « ville anglaise
» et Biarritz, « ville espagnole ». L'effet
conjugué du thermalisme, de la villégiature hivernale
et de la pratique des bains de mer offre le cadre d'une
convivialité mondaine dans l'entre-soi. Puis vient le
temps des « ascensionnistes » découvrant les
sommets, relayés par les « vrais montagnards ».
Les Pyrénées actuelles, vidées d'une partie de
leur substance humaine à partir de la seconde moitié
du XIXe siècle, profondément transformées par
leurs équipements hydroélectriques, le
développement des sports d'hiver, la création d'un
Parc national et les multiples - et nouvelles - formes de
tourisme sont largement devenues un espace récréatif
pour les urbains. Ce qui renforce la vivacité des
débats sur l'usage de ce « territoire d'exception
».