Published: 1 janvier 0101
Résumé:
Porporino, le narrateur, élève à l'école
des castrats napolitains sous le règne du roi Ferdinand,
dans les années 1770, est un personnage inventé mais
la plupart des héros qui traversent ses mémoires ont
réellement existé : le prince de Sansevero, esprit
universel aux frontières du génie et de la
démence, Antonio Perocades, franc-maçon rationaliste,
la belle Sarah Goudhar et lady Hamilton, aventurières
comme seuls en ont produit les anciens régimes, le jeune
Mozart, le vieux Casanova et l'illustre Farinelli, plus
célèbre en son temps que La Callas au nôtre. On
découvrira du même coup, prodigieusement
ressuscitée de l'oubli, ce que fut la Naples de ce
temps-là, vaste cité aux édifices somptueux,
capitale de l'architecture et des arts, rendez-vous de l'Europe
éclairée au même titre que Paris, métropole
de l'opéra, et Castrapolis unique au monde. Car cette institution des castrats, on le comprendra peu
à peu, en suivant les aventures du mémorialiste et de
son camarade Feliciano, beauté ravageuse, n'était pas
le fruit des seuls caprices d'une aristocratie décadente.
Il faut y retrouver, sublimées dans un art du chant
malheureusement disparu, certaines des aspirations
fondamentales de l'humanité. L'esprit des castrats
était un esprit de liberté absolue, un défi
à tout ce qui limite, une façon travestie de
renouveler les mythes orphiques de la création en
échappant à l'obligation d'être un homme. Après des essais, comme Mère
Méditerranée ou l'Arbre jusqu'aux racines, qui ont
fait date dans l'histoire littéraire de ces dernières
années, Dominique Fernandez nous donne ici le grand roman
qu'on attendait de lui, à la fois éblouissante
résurrection d'un passé et méditation sur
l'époque contemporaine. Un livre foisonnant de personnages
et d'idées, quotidien et singulier à chaque page,
mouvementé, divers, lyrique, audacieux, un peu fou,
merveilleux palais baroque dont les portes ornées semblent
soudain s'ouvrir sur les mystères de l'aujourd'hui.