Published: 1 janvier 0101
Résumé:
Pour les besoins d’une thèse consacrée
à “la vie à la campagne au XXIe
siècle”, l’apprenti ethnologue David Mazon a
quitté Paris et pris ses quartiers dans un modeste village
des Deux-Sèvres. Logé à la ferme, bientôt
pourvu d’une mob propice à ses investigations,
s’alimentant au Café-Épicerie-Pêche et
puisant le savoir local auprès de l’aimable maire
également fossoyeur, le nouveau venu entame un journal de
terrain, consigne petits faits vrais et mœurs autochtones,
bien décidé à circonscrire et quintessencier la
ruralité. Mais il ignore quelques fantaisies de ce lieu
où la Mort mène la danse. Quand elle saisit
quelqu’un, c’est pour aussitôt le
précipiter dans la Roue du Temps, le recycler en animal
aussi bien qu’en humain, lui octroyer un destin
immédiat ou dans une époque antérieure, comme
pour mieux ressusciter cette France profonde dont Mathias Enard
excelle à labourer le terreau local et régional,
à en fouiller les strates historiques, sans jamais perdre
de vue le petit cercle de villageois qui entourent
l’ethnologue et dessinent (peut-être)
l’heureuse néoruralité de nos lendemains. Mais
déjà le Maire s’active à préparer le
Banquet annuel de sa confrérie, gargantuesque ripaille de
trois jours durant lesquels la Mort fait trêve pour que se
régalent sans scrupule les fossoyeurs et les lecteurs dans
une fabuleuse opulence de nourriture, de libations et de
langage. Car les saveurs de la langue, sa rémanence et sa
métamorphose, sont l’épicentre de ce remuement
des siècles et de ce roman hors normes, aussi empli de
truculence qu’il est épris de culture populaire,
riche de mémoire, fertile en fraternité.